Journal d’un bassiste chez Distorted Predators

23 mars 2025 8:30
Le bassiste Pockets et son frère Rêveur Sim arrivent à la salle des fêtes d’Orival, une commune normande, où il doivent jouer à quinze heure avec leur groupe: Distorted Predators. Ils déchargent le matériel en compagnie des autres membres du groupe et l’aide d’une administrée ainsi que quelques volontaires polies et souriantes.
9:00
Le matériel est déchargé; il faut désormais le monter. Néanmoins, le bassiste ne saisit pas qu’à l’aune du XXI ème siècle, les ingénieurs n’aient toujours pas inventé un matériel capable de s’installer de manière autonome. En attendant cette révolution de la technologie, le bassiste se résigne à installer lui-même le sien.
Il vient en assistance de « The Wild » qui monte un curieux instrument en kit connu sous le nom rigoureusement scientifique de Percussum Tapum Tatapum (plus communément appelé batterie).
10:30 (selon les souvenirs du bassiste)
Le matériel musical est installé, ainsi que le décor: deux pairs d’échafaudages supportant deux cristaux lumineux chacun ainsi que deux autres posés à-même la scène; un bien joli ensemble cristallin et coloré soigneusement créé par Axel Distor et l’ami Brice. Ce dernier vérifie son bon fonctionnement et règle les quelques détails techniques, avant que le groupe ne s’intéresse à la balance. Pour cette opération, le capitaine Distor accepte d’être le cobaye, en se mettant à la place du public, tout en jouant de son instrument: de la Bladus Sixtus-Stringum (aussi appelé guitare électrique). Il demande d’abord de jouer aux deux homos sapiens-sapiens constituant la caste rythmique, sitôt suivi de la caste mélodique dont Rêveur Sim qui plaque des accords sur un Analogum Clavierus Glucose (appelé synthétiseur dans le langage commun). La balance s’achève enfin par la caste Vocalerae Sopranum Tenorus essentiellement représentée par Amy Sunshine.

12:30
Pause déjeuner et café: le groupe en profite pour bavarder, execpté le bassiste Pockets qui avait omis d’accorder sa basse (basse n’a pas de locution latine). Une fois rassasié en calories et caféine, le quintet se change.
14:30
Les premiers arrivants entrent dans la salle. En les entendants depuis les coulisses, le bassiste sent son trouillomètre descendre à zéro, mais tente de ne pas le montrer à ses complices qui l’avaient bien remarqué, et inversement.
15:15
Le groupe monte enfin sur scène. Chaque membre prend sa place. Le capitaine Distor introduit le récital avec le riff d’Ultime Saison, sitôt suivi par le reste de l’équipage (plus le choix, le groupe doit désormais jouer jusqu’au bout). Amy Sunshine galvanise l’auditoire durant la transition avec le deuxième titre : Dead Or Alive. Le bassiste veut faire de même, en tapant dans ses mains, mais se rappelle soudainement qu’il en a besoin pour jouer sur sa basse (qui n’a toujours pas de locution latine et encore moins grecque). Puis nouvelle transition ! Cette fois, c’est le bassiste qui chante en premier, tout en jouant (c’est pas facile).
Il se met à geuler des ordres, avant qu’Amy ne prenne la relève et chante Parrabellum. Voulant frimer quelque peu, le bassiste se rend compte qu’il a très peu de place sur scène pour s’exécuter; il préfère donc se concentrer sur les notes de sa basse (qui n’a toujours aucune locution latine ni grecque… et encore moins scandinave). Le morceau s’achève mais le groupe ne laisse aucun répit à son public, puisqu’il enchaine avec deux morceaux enregistrés quelques mois auparavant: Chronique des Anges et A des Années Lumière; un peu de douceur, avant de reprendre plus sombrement avec Lame de Verre, le morceau le plus lent du répertoire. Le bassiste veut à nouveau frimer mais cette fois, c’est son jack qui manque de s’enrouler autour du pied (à savoir, pour le profane, que la parade nuptiale de ces saloperies de jack dure en moyenne 365 jours par an, et qu’il est très délicat de les séparer, une fois enlacés). Le groupe achève donc le morceau et transite sur les notes de Big Ben, afin d’introduire les Soeurs de Whitechapel, là où le bassiste se décide à se détacher les cheveux (détail superficiel donc essentiel).
Une fois achevée, Amy quitte la scène et profite de changer de tenue durant l’exécution du Maître et l’Apprenti, une pièce purement instrumentale. Le bassiste, pour changer, voudrait bien frimer mais ne le peut à cause du tempo soutenue de la section rythmique. Amy Sunshine revient alors sur scène pour interpréter First Temptation et Fear of the Wild. Sur ces deux pistes, le bassiste use d’une autre basse, et les jacks de sa configuration s’entrelacent dans une parade nuptiale, sans la moindre pudeur (Ce n’est vraiment pas poli).
Le groupe enchaine à nouveau sur un morceau instrumental: Beast Wars, le plus long du répertoire, avant de conclure sur Oméga, lui aussi enregistré quelques mois plus tôt.
La dernière? Vraiment? Non! Le groupe réserve une dernière surprise. Il fait découvrir à son public un morceau inédit: Le Cartomancien. Le bassiste est en nage puisqu’il doit exécuter ce qu’il a entendu dire être un solo: un terme totalement étranger et inédit pour lui. La lumière revient déjà et le récital est terminée. Le quintet se mélange alors au public afin d’échanger. Le bassiste n’entend qu’éloges, aussi bien de la part d’amis que de parfaits inconnus. Il remercie en retour car il est bien élevé.
On félicite le groupe pour sa prestation, son jeu, sa qualité sonore, mais aussi l’ami Brice qui a rendu honneur au décor de scène.
18:00
Faut remballer! Après avoir séparer ses jacks vraiment pas polis, le bassiste aide The wild à ranger sa batterie (plus facile à démonter la Percussum Tapum Tatapum que la monter). Une fois rangé dans les housses, les étuis et les cases, il faut maintenant caler le matériel dans le véhicules et démonter la scène qui nous avait prêté.
00:00
Le bassiste est rentré chez lui. Il est fatigué et DORT.
Rédaction : Pockets
Crédit photo : Distorted Predators





